Une des rares études sur la routine dont nous disposons fait état d’un constat assez préoccupant pour le monde du travail:

Si au moins 1 personne sur 2 trouve sa vie trop routinière et pas assez intéressante, ce « +/- 50% »  devient  58% dès qu’il est question des  Actifs.

 

Potentiellement, donc, presque 6 personnes sur 10 du monde du travail considèrent que leur vie, globalement, manque d’intérêt et ne les satisfait pas : où en est le sentiment de réalisation de soi? De quoi s’interroger sur les enjeux de la routine pour l’entreprise !

 

Extinction linéaire ou coup d’éclat  à prévoir

Au mieux, ces personnes deviennent des robots fonctionnels avant de s’éteindre petit à petit dans une entropie faite de démotivation et de désinvestissement ; au pire, ils disjonctent d’emblée, le bore-out semble taillé sur mesure pour eux. Ne vous y trompez pas : la routine fait aussi le lit des burn-out, comme de la dépression.

Le point commun de ces trois fléaux de notre époque? La perte de sens, l’humain se sent devenir un numéro.

Paradoxe amusant mais problématique : En terme d’économie, un individu qui se ressent  comme un numéro induira tôt ou tard la perte potentielle de Chiffre d’affaire.checklist-1266989_1280

Prendre en compte la lassitude
comme indicateur des ressentis!

 

La routine est un  ressenti

La routine est le nom qu’on donne à ce ressenti démotivant qui étreint son monde face à deux caractéristiques particulières des tâches: celles-ci sont prévisibles, et répétitives.

Tout  ce qui porte ces deux caractéristiques n’est pas nécessairement une routine problématique, mais tout ce  qui est routine problématique commence par ces deux points.
Le savoir permet déjà d’être vigilant sur les tâches à risque… comme d’y trouver des parades.

 

Un ressenti n’est pas quelque chose de mesurable. Un ressenti est personnel, intime et intérieur, donc indiscutable et non-objectivable. Tout le monde n’aura pas forcément le même. A ce titre, il  n’est pas possible de lui donner une légitimité particulière, sauf à reconnaître qu’il est légitime que chacun puisse ressentir les choses à sa façon, en fonction de qui il est, et dans la globalité de sa vie.

Ainsi, ce qui sera « routine odieuse » pour l’un, sera juste  « du temps à y mettre » pour  un autre, et pourra même apporter un sentiment de sérénité à un troisième -qui n’en souffre pas.

De ce fait, le premier sera plus fragile à la répétition que le second.

 

Quelle fragilité ?

Celle de l’identité de soi.

Plus le ressenti de routine s’installe,
plus il va miner dans l’individu,
profondément,
le sentiment de sa propre valeur.

A l’ère de l’automate qui sait tout faire et remplace progressivement l’humain un peu partout, le regard sur le travail a changé: la répétitivité peut être perçue comme un enfermement, et la prévisibilité crée la fermeture à tout espoir d’évolution personnelle.

Au-delà de cela, il apparaît également que le ressenti de routine devient rapidement un cercle vicieux de plus en plus limitant pour celui qui en est atteint.

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Il n’y a à cela aucune « mauvaise volonté »

Les conséquences sont lourdes

Les conséquences d’un ressenti de routine qui s’installe pesamment, c’est un désinvestissement rapide de la tâche  à accomplir: Elle sera faite sans intérêt ni pour le protocole, ni pour le résultat. Il n’y a à cela aucune « mauvaise volonté ». Il est question au contraire de tout un lot de souffrance incoercible qui s’exprime de cette façon. Le désinvestissement est symptomatique, et non pas causal. Il est subi et non choisi ou volontaire.

La routine rend progressivement la personne incapable de réaction ou de volition claire, incapable  d’y mettre la moindre énergie utile.

La hantise est peut-être un premier signe à prendre en compte.  L’obsession et le désintérêt pour une tâche doivent conduire à s’interroger sur le pourquoi du ressenti.

 

Sortir de la routine ?

 

Sortir de la routine est toujours possible. Il existe plusieurs façons d’en sortir, en fonction du type de routine qui pèse.

Cependant, les routines qui conduisent peu ou prou au burn out, bore out ou à la dépression sont souvent celles qui sont perçues dans une activité de corvée en contexte non valorisant. Une corvée en elle-même ne pose pas problème. C’est la place attribuée à celui qui en est chargé, ou sa propre façon de se considérer à cette place, qui peut créer un problème.

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N’oublions jamais que l’être humain a besoin de se sentir vivre, d’être utile à ses propres yeux, de porter des projets, d’être fier d’un résultat, de se sentir avancer. Il s’épanouit dans le sentiment d’accomplissement.

Tout cela est possible même lorsqu’il s’agit de routines « objectives » ou de corvées. Cela s’appellera responsabilité,  créativité, ouverture des cadres d’intervention, attentes et reconnaissance… dans le ressenti de celui qui est en charge de cette tâche.

Il y a donc matière à travailler à la fois sur le contenu objectif et sur le ressenti qu’il génère.

Autant dire qu’il y a encore du pain sur la planche.

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Plus sur les routines et les moyens d’en sortir, dans ma conférence « Dites Zut à la routine » (prochainement en vidéo ici) et autres articles ici et à venir.

Merci de votre intérêt pour nos contenus. Vous pouvez les utiliser et les diffuser, nous vous remercions simplement d’y adjoindre nos références: CLaireBurel.com

 

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