Tous menteurs?

« Ça ne va pas faire mal !« …  On l’a entendu, on l’a même dit à nos enfants… Nous sommes tous menteurs, n’est-ce pas? Car on le dit le plus souvent parce qu‘on  s’attend à ce que ça fasse mal, justement!  Petit mensonge du quotidien sans importance? Mais  y  a-t-il vraiment des mensonges « anodins »?

On en sourit, parfois… Pourtant, « ça ne va pas faire mal!  » n’est jamais une phrase que vous entendrez quand ça ne fait effectivement pas mal: Le coiffeur ne vous le dit pas, la boulangère non plus, ni le facteur ou le fleuriste, et ça ne viendrait jamais à l’esprit du marchand de légumes de vous le balancer en vous servant vos carottes! Les seuls qui le disent sont ceux qui …. vont vous faire mal, et ils le savent! C’est ce qu’on appelle un MENSONGE.

Qui peut encore croire ces mots?! Les enfants veulent bien les croire -ou croire ceux qui les profèrent. Comment pourraient-ils les croire deux fois de suite? A entendre ces mots, je revois mon petit-fils de 5 ans se crisper instantanément devant le praticien: on lui avait déjà fait le coup. Une fois, passe. Deux fois, surement pas. C’est une tromperie dont il n’acceptera plus d’être la victime. Mais sachant qu’on lui ment, il se méfiera, du menteur autant que de ce qui va se passer!

Créer un moment de collaboration au lieu d’un espace de méfiance.

Car un mensonge le place en victime de fait, au lieu de le responsabiliser: « tu vas respirer très fort, ça va piquer un petit peu, et même tu me diras si tu l’as senti vraiment légèrement, ou un peu plus senti,  et puis je suis certain que très vite ça va moins te gêner, tu vas voir… tu vas me dire, c’est toi qui sais le mieux… » par exemple. Le responsabiliser serait faire de ce soin (ce sont souvent les soins qui « ne vont pas faire mal ») un moment de collaboration entre le praticien et le patient. Ce serait apprendre à l’enfant que  d’une part, se soigner n’est pas un acte anodin, mais parfois nécessaire -et, allons plus loin, que d’autre part  s’il est responsable de collaborer pour le soin en facilitant la chose, il est aussi de sa responsabilité, le cas échéant d’entretenir son corps pour éviter les soins ( combien d’enfants ne prennent pas soin de leurs dents avant d’aller souffrir chez le dentiste?!)

La Vérité est un joyau à transmettre. Pesante ou légère, elle est due à tous!

Donc, être clair, précis, vrai, favoriserait davantage de choses, au quotidien, que le mensonge, qui ne marche qu’une fois, et mal, et détruit la confiance entre le menteur et sa cible!

Ne plus obtenir la confiance de celui auquel on vient de mentir

Alors, est-ce anodin de mentir? Au nom de la facilitation (ratée) du rendez-vous, de la détente (voulue mais tuée dans l’oeuf) du patient,  celui qui annonce « l’indolore » n’est très rapidement plus du tout crédible! C’est à dire qu’il se met lui-même en position de ne plus mériter la confiance de celui auquel il vient de mentir! Et s’il ment sur ça, sur quoi d’autre mentira-t-il? Y a -t-il des mensonges anodins? Ou bien le seul fait de mentir est en soi un délit sans degrés? Qui fait perdre la confiance, quel que soit la taille du mensonge?

Ce couple où l’un ou l’autre ment sur son emploi du temps, pour cacher quelque chose qui ne conviendrait sans doute pas à son conjoint, fait-il autre chose qu’essayer à son tour de mentir pour que « ça fasse pas mal »?! Un mensonge en entraînera un autre, et ils seront un jour tous découverts -n’est-ce pas aussi un mensonge qu’on se sert à soi-même de croire que ça restera caché?!

« On peut mentir à mille personnes une fois.
On peut mentir à une personne mille fois.
On ne peut pas mentir à mille personnes mille fois »

Il n’y a pas des mensonges anodins, il y a des mensonges.

Sortons des mensonges. Avant qu’on n’en soit expulsés par la règle qui veut que les mensonges n’ont qu’un temps. Arrêtons d’en dire, arrêtons d’en croire, arrêtons d’en colporter, d’en trouver certains normaux et anodins : il n’y a pas de mensonges anodins, il y a des mensonges.

L’altérité de la vérité est une des façons  parmi les plus convaincantes de détruire tout et n’importe quoi – convaincante et pour cause: le mensonge veut vous convaincre et s’en donne le mal! Alors que la vérité, elle, n’attend que son heure pour se présenter sans effort supplémentaire que sa légitimité native:

la vérité est partout à sa place.

Bon, à ce stade,  je sens se profiler le débat « Toute vérité est-elle bonne à dire?« … A dire vrai, ceux qui vous diront non, sont peut-être adeptes du  fameux: « C’est pour ton bien!« … non?

Pour mon bien, donnez moi la vérité.

Déresponsabilisation ultime du mensonge, le « c’est pour ton bien« , justement. Au nom de « mon bien », (le mien à moi), vous me mentiriez et me déresponsabiliseriez de votre propre chef? Le mensonge, cette dépossession de la seule chose élémentaire qui n’a rien à voir avec l’humain, la vérité,  qui nous appartient à tous, est un crime contre l’humanité à toutes les échelles où elle se présente (famille, groupes, société, état, planète…). La vérité est intrinsèque, sans fards, brute.

Pour mon bien, donnez moi la vérité. Pour mon bien, dites moi ce qui se passe, ce qui va se passer, ce  à quoi m’attendre, dites moi ce que je dois redouter ou accepter, ce que je devrai combattre ou à quoi je devrai m’adapter. Dites moi si ça fait mal.  DONNEZ MOI LA VÉRITÉ, et j’en ferai une source inépuisable de responsabilisation et de conscientisation de la VIE que je mène.

Tout le monde est-il prêt à affronter la vérité brute ?

QUI pourrait prétendre être plus compétent que chacun de nous,  pour  oser confisquer la vérité au nom de l’immaturité des autres? C’est souvent l’argument utilisé: on va minimiser la situation qui vient de se produire dans ce lieu public pour éviter la panique, par exemple… non? « On va pas leur dire ci ou ça, ils ne vont pas comprendre »…ou pas tout de suite, ou pas tout à fait en entier, etc. Tous les mensonges ne  se valent-ils pas?
Alors oui, c’est vrai, tout le monde n’est pas prêt à affronter la vérité brute, souvent brutale! J’avoue, c’est vrai.

Et vous savez pourquoi?

Parce qu’on leur a menti depuis tout petits, ces êtres humains ont été privés de leur capacité à créer une conscience responsable de leur propre existence. S’en remettant toujours à plus grand, plus haut placé, plus responsable qu’eux. Maman, papa, la maîtresse, le maître, le docteur, les instances diverses et variées… faisant d’eux au passage des victimes en souffrance -c’est un autre sujet très vaste-

Alors on continue à leur mentir, pour ne pas les brusquer, les blesser…

 

 

Et la vérité attend son tour.
Il viendra. La vérité est têtue, dit-on. Il faut bien ça!

 

C’était le (rare) coup de gueule du jour de CLaire BUREL…

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